« Mon bébé n’est pas handicapé, on l’a rendu handicapé ». Le procès aux assises de la nourrice

L'affaire qui a fait le tour de la France. Celle de la nourrice qui aurait maltraité un bébé de 5 mois parce qu'elle était en état d'ébriété. Aujourd'hui, à la Cour d'Assises des Yvelines, au deuxième jour de son procès, la mère de Matis monte à la barre. Elle livre un témoignage poignant.

 

Mère d'un bébé aujourd'hui handicapé, Virginie, 46 ans, est dévastée. C'était un 30 mars de l'an 2010 à 13h, quand l'appel de sa nourrice, Géraldine, retentit. "Viens vite, c'est Matis, ça va pas". La mère se rend au domicile de la nourrice à Houilles aux Yvelines et voit l'horreur.Son fils est pâle, inconscient et nu. "Je n'ai pas trop osé regarder Matis, sans doute pour me protéger", déclare Virginie, "je savais que les secours s'en occupaient, alors à la place, j'ai consolé Géraldine. Je lui disais « C'est un accident, tu n'y peux rien ». Voilà le témoignage de Virginie à la barre de la Cour d'assises des Yvelines.

Mais c'était sans savoir que la nourrice, qui est son amie de longue date, n'avait pas été témoin d'un accident mais bien à l'origine de cet accident. Sans aucune qualification d'assistante maternelle, elle dépannait une amie. L'enquête finit par prouver que la version d'abord avancée par l'accusée ne tient pas la route. Cette dernière avoue avoir menti. Matias n'était pas tombé du transat, sa nourrice l'avait intentionnellement maltraité. Parce qu'il ne cessait de pleurer, l'accusée l'a jeté sur la table à manger. Le bébé avait alors perdu conscience. En voulant le réanimer, elle a tout essayé, les gifles, l'eau froide, elle l'a même secoué et mordu, selon les traces retrouvées sur son corps. La nounou était en réalité en état d'ébriété et avait 1.35 grammes d'alcool par litre de sang.

"Je me battrai toute ma vie"

Matias n'a plus de mémoire, il ne parle pas, a des difficultés pour mâcher. C'est toute la partie gauche de son cerveau qu'il a perdue. Après sept jours dans le coma et un an à l'hôpital, il a été interné dans un centre de rééducation. "Ma vie est détruite, mon couple aussi", confie la mère. Tendue mais digne, Virginie détourne son regard de son amie. "Depuis cinq ans, notre vie se résume à courir de médecin en médecin pour que notre fils puisse parler, qu'il retrouve sa motricité. Je ne travaille plus, mon mari non plus, parce qu'il faut s'occuper de Matis en permanence". Elle ajoute, "Matis n’est pas né handicapé, il a été rendu handicapé. Mais je me battrai tous les jours pour lui donner une vie qui soit la plus normale possible".

Les témoins la mettent en difficulté et la mère d'une petite fille prénommée Sabrina a également témoigné contre elle. Sabrina était présente le jour de l'accident et aurait subi la violence de la nourrice. Le verdict est attendu pour ce vendredi. La nounou continue de nier les faits avérés. La mère de Sabrina n'a pas été consulter de médecin pour les bleus sur le visage de sa fille ni pour le sang sur sa lèvre mais elle affirme que " la nourrice l'a aussi frappée". Ceci ne console pas les parents de Matis qui attendant depuis 5 ans, des excuses qui ne viennent pas. Géraldine continue de présenter toutes sortes de versions qui la disculperaient mais elle encourt néanmoins une vingtaine d'années de réclusion criminelle pour "violences volontaires ayant entraîné une infirmité sur mineur".

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